Preparation du depart à La Rochelle
Pas trop de gros travaux. Carenage, reparation du gelcoat cote tribord, antifouling et peinture fluo sur les appendices. Pose des cale-pieds. Confection d´un spi de brise par All Purpose (le precedent datait de 2003), un 2eme etage de toiles a matosser a l´interieur. Approvisionnement complet pour la pile a combustible, avitaillement en nourriture, plats liophylises, eau, vivres fraiches, tout est ok maintenant.
Adoption
La veille de l´entree dans le bassin des chalutiers, Flo et moi nous apprenons qu´on nous propose un enfant a adopter (nous attendions depuis 3 ans). Il s´appelle Pierre, 5 ans, depuis 2 ans en orphelinat a Bogotta en Colombie. Gros boulversement. 2 nuits a gamberger pour savoir si je dois encore prendre le depart ou renoncer. Sur le calendrier, nous irions en Colombie avec Flo et Adelie ma fille a la toussaint, ce qui correspond a l´arrivee prevue a Bahia. Finalement je decide d´aller au bout. Tout le monde me soutient, y compris l´agence de l´adoption. Je peux partir serein. Arriver au bout devient d´autant plus important: Je traverse l´atlantique pour aller chercher mon fils...
Depart de La Rochelle
Nous partons finalement a 85. Fabien Meyer, le dernier qualifie encore sur liste d´attente est integre au reste de la flotte. Le depart a lieu par grand soleil, mais pas mal de vent. 1 puis 2 ris et solent arrise pour une bonne securite au depart. Il y a de la casse entre plusieurs concurrents, mais globalement l´ensemble de la flotte se dirige vers le pertuis d´Antioche au portant sous spi a bonne vitesse.
Guerre des tranchees dans le golfe de Gascogne
La premiere nuit et 2eme journee seront assez physiques avec une mer cassante, des accelerations, des vracs, de la difficulte a rentrer dans le rythme de la course et l´obsession de ne pas peter de materiel prematurement. Pas mal de concurrents allument, prennent des risques et a la VHF, c´est la litanie de tous les problemes rencontres par les plus audacieux et malchanceux, les bris de safran, les ascensions dans le mat pour liberer des lambeaux de spi, l´interieur des bateaux remplis par des vagues, etc...
Ceux qui partent au front le couteau entre les dents vont aussi au casse pipe. L´enjeu pour la tête de la course est de profiter des conditions difficiles pour creuser l´ecart. La victoire se joue au Cap Finisterre, ou ceux qui tiendront a la barre dans le gros temps et les surfs surpuissants decrocheront la timbale. Je reste bien sagement a l´arriere. J´ai decide d´assurer et de naviguer sous-toile, tout le temps en configuration gerable par le pilote et de ne tirer ni sur le bonhomme ni sur le canote. Je me retrouve dans les 30emes (sur 49).
Je passerai bien au large du cap Finisterre, dans le flux, apres avoir franchi le rail des cargos, mer forte mais gerable. 1er empannage apres 3 jours.
Arrivee a Funchal
Un peu avant Lisbonne, le vent et la mer se calment. On passe d´un regime de forte brise avec grosse mer a petole. Le moral remonte meme si le manque de vent n´est pas forcement plus facile a gerer que la baston. Le vent est tres mou et plein cul. Difficile de bien avancer. Le grand spi ne porte pas. Je finis par mettre la grand-voile et le code 5 en ciseaux. Du coup j´aurai une trace assez courte. Courte mais pas tres rapide. La temperature monte sensiblement un peu plus chaque jour. On voit des daurades, des tortues marines, et toujours autant de dauphins. Les ciels la nuit sont magnifiques. Pour la premiere fois, j´arrive a observer a l´oeil nu la galaxie d´Andromede dans la constellation de Cassiopee (a terre, on ne peut la distinguer qu´aux jumelles, par ciel pur).
Derniere nuit tres speed, on repasse d´un regime de petole a de la brise musclee. Je me reveille soudain en pleine nuit, 15 noeuds de vent, surpris que le bateau ne marche qu´a 6 noeuds sous spi. 2 heures a batailler pour recuperer le grand spi pris dans un cocotier monstrueux. Le vent continura a forcir et se stabilisera vers 20-25 noeuds dans la journee.
L´atterissage sur Porto-Santo puis Madere, au relief tres marque, est vraiment magique. J´ai l´impression de me retrouver dans Peter-Pan en train de voler vers l´ile des pirates. Il ne manque plus qu´un vieux galion. Ici la realite se superpose a mes reves de gosses. Le passage de la pointe de Madere est l´occasion d´un regroupement de bateaux. Nous sommes une demi douzaine a nous tirer la bourre comme des malades, surfs, rafales a 30 nds, vracs, a quelques encablures de la cotes et ses hautes falaises.
Surtout tenir jusqu´a la fin, rester concentre. La derniere pointe est franchie, la jetee est en vue. le vent tombe maintenant completement. Ca tamponne. Un proto espagnol est scotche la depuis presqu´une heure, degoute. Je passe la ligne en meme temps que Franck Colin sur le proto 614, qui a du s´arreter a la Corogne.
Bilan provisoire
J´ai assure. Je suis a Madere en forme (pas assez perdu de poids !), sans m´être fait peur, et en ayant rien casse. Simplement quelques patches a coller sur des points de raguage dans les voiles. Mon rêve est intact, et un autre est venu se telescoper avec le premier. Dans les longues discussions enflammees, biere a la main, avec les autres skippers, je mesure l´etendue de ce qu´il me reste a apprendre pour bien maitriser ces merveilleux bateaux. Je vais continuer a naviguer sur ma lancee, a mon rythme, sans me prendre la tete sur le classement, et en appreciant chaque seconde.Il se peut aussi que je seche la remise des prix a Bahia pour aller direct en Colombie a l´arrivee.
Marc 733
samedi 26 septembre 2009
samedi 15 août 2009
Transgascogne: trans-qui-cogne
Mon mail de debrief de la transgascogne à l'asso VS17:
Une saveur particulière pour cette course en Espagne. D'abord retour sur le contexte:
Après avoir rêvé pendant des années d'océans et de courses au large, j'arrive enfin à aligner les planètes Tune, Job, Voyage et Famille. Je commence à veillir (42 ans), mais ça va encore. Combien de fois de telles occasions vont-elles se présenter ? Je débranche la prise, passe sur batterie, et décide de vivre enfin ce rêve. Ma compagne et ma fille sont avec moi. Elles me disent qu'elles me préfèrent avec une étincelle dans le regard.
Je fais construire un pogo2 par Structures, sorti du chantier fin mai 2008, trop tard pour rentrer sur le circuit des courses mini.
Seul dans mon coin, sans expérience du mini, ni de la compétition, je prends un peu le bateau en main et me lance dans le parcours qualificatif en me disant que ce n'est pas de la course, et si il y a le moindre problème, je serai toujours suffisamment près des côtes pour relacher. Je boucle la qualif après avoir essuyé du gros temps sur le retour d'Irlande. J'ai beaucoup appris sur le bateau et surtout sur moi.
Je m'inscris sur toutes les courses atlantiques ou presque de 2009. Incongru ? Je sais que j'ai encore tout à apprendre, que je dois me tester, m'endurcir et surtout accumuler de l'expérience et progresser sur tous les aspects, sportif, préparation, récupération, course, météo, etc...
Grâce aux entrainements d'hiver de VS17, je recontre d'autres ministes, j'apprends beaucoup, énormément (comment ai-je pu partir précédemment sans tout ce bagage), et j'atteins le niveau minimum pour m'aligner au départ et finir la Pornichet-Select puis la Mini-Pavois.
J'ai en ligne de mire la transat 2010. Lorsque cette course est annulée, et le nombre de participants sur la transat 2009 étendu, il faut prendre une décision: y aller ou pas ? Au retour du trophée MAP, 8 semaines après ma première course, je me décide enfin. Je me lance pour septembre 2009.
J'envoie ma lettre d'inscription une semaine avant la cloture, je passe sur liste d'attente, puis sur la liste des partants. Le temps s'accélère, se compresse. Il faudrait avancer la prépa du bateau, faire maintenant tout ce que j'avais prévu pour l'hiver. Mais naviguer est la meilleure préparation, le bateau et moi allons bien, je dois absolument saisir l'opportunité de cette course. Je fais juste installer un pilote de secours en prévision de la Transat, et vogue le pogo2 pour la Trans-qui-cogne, objectifs: apprendre encore, et valider...
Préparation à Port-Bourgenay
Yann, le préparateur de Yachtman, m'installe un pilote Raymarine X5/ST6002 avec vérin électrique, et switch maison pour le connecter au gyro NKE. Puis la veille du prologue, il passe toute la nuit sur le bateau de Bertrand Delesne à régler des problèmes électriques. Et embarque sur mon Shebang comme équipier pour le prologue. Des dingues, ces préparateurs (enfin celui là, j'en connais pas d'autre comme lui).
En montant le pilote, Yann découvre que mon panneau solaire n'a jamais été connecté au parc de batteries : il manque le régulateur de courant. Merci Structures, pensè-je, me remémorrant toutes les fois où, tout fier, j'orientais le panneau pour queudchi. Yann m'installera un régulateur en dépannage. Il me briefe aussi sur toute la configuration électronique et la gestion de l'énergie. Je découvre que je dispose de controleurs de batteries performants mais qui ne fonctionnent que correctement initialisés, ce qui n'avait pas été effectué à l'installation (ni expliqué). J'ai aussi un peu honte de ne m'être jamais aperçu moi-même de ces problèmes, je décide de potasser et réviser cette s... de p... d'électronique.
1ère étape: Port Bourgenay - Ribadéo (via Belle-Ile)
Le départ nous emmène de la Vendée au nord de Belle-Ile avant la grande descente vers l'Espagne. Je suis plutôt lent sur cette partie, tardant à balancer le spi en milieu de nuit pour contourner Belle Ile. Puis un vent de sud-ouest assez musclé nous barre la route, ce sera la guerre des tranchées pendant 2 jours pour atteindre la Gallice. Après Belle-Ile commmence un long bord de près d'une trentaine d'heures (!!!) dans une mer dure, à la rencontre du front et de sa bascule nord-ouest salvatrice.
Une traversée du Golfe comme dans les livres, solent arisé, 2 ris dans la grand-voile. Plusieurs abandons sur mal de mer, des chutes inquiétantes à l'intérieur et l'exterieur des bateaux, autres abandons. Je fais le gros dos, je ne barre pas trop, et attends d'être bien ammariné. Le lendemain, 3ème jour, c'est plus facile, mais tout est maintenant trempé, et nous traversons toujours du crachin compact et brumeux. Le vent finit par adonner, mollit à 15-20 noeuds, et nous envoyons le spi en route sud directe.
Nous croisons les Figaros qui sont partis la veille de la Corogne pour St Gilles (2è étape de la solitaire). Ambiance surréaliste, dans la matinée brumeuse. Signes de la main pour ceux qui sont à la barre, commentaires nostalgiques pour certains à la VHF comme quoi les bords de spi dans la brise en mini 6.50, c'est top. Merci les gars...
Lors de la descente finale, à une trentaine de milles de l'arrivée, à vue de 2 ou 3 concurrents, le speedo déraille. Il affiche une vitesse de -0.11 noeuds alors que je surfe pleine balle sous spi. Le pilote est à la rue (rappel: objectif validation pilote sous spi dans la brise). Grosse embardée, spi chaluté, très chaud la récup de la voile.
Je met ensuite en panne, à la cape, pour réparer et repartir. A cette distance j'aurai pu finir sans pilote, mais là, avant la Transat, hors de question de laisser ce problème non résolu avant de rentrer. Au bout d'une heure et demi (au jugé), après avoir coupé les batteries et rechecké plusieurs fois tout le cablage, ca repart.
Une grosse humidité, le brouillard salin, des chocs mécaniques constants au près, cela finit par générer des problèmes de contacts électriques. Je suis content d'avoir réussi à réparer en mer, même si cela me coûte 2h à l'arrivée de l'étape.
Arrivé à l'étape, j'apprends aussi qu'en cas de problème de speedo, je peux basculer le gyro sur le capteur de vitesse fond fourni par le GPS sur le bus NMEA (en s'enfonçant profond dans les menus de config). Je suis au final très content d'avoir été confronté à ces problèmes d'électronique avant la grande course.
L'étape à Ribadéo
Accueil très chaleureux des espagnols pour tous les concurrents et l'organisation. La cote de Gallice qui scotche tous les nuages en provenance du nord est aussi humide que la Normandie en octobre. Qu'importe. Grosses fêtes, tapas, cervezas, c'est à ce type d'escales que les coureurs partagent le plus, fatigue oubliée, euphoriques, grisés avant même la première gorgée (alors à la 10éme...). Instants précieux et irremplaçables. Digne accueil du dernier de la flotte, acclamé comme le vainqueur du Vendée globe, avec les vainqueurs en protos qui iront amarrer le canote, le ranger, plier ses voiles, respect maximum pour tous...
2ème étape: Ribadéo - Port Bourgenay
Arrivés mercredi soir, nous repartons samedi midi, après 2 jours de repos (euh, non de fiesta). Au menu : du nord-est 15-20 noeuds pour commencer puis du vent nord-ouest mollissant vers la fin. Du près comme à l'aller.
Choix stratégique: tirer au nord pour chercher une bascule et débouler plein pot sur la Vendée, ou bien rester sur la route directe, voire même un peu au sud, et minimiser la distance. La puissance de la dorsale sera le juge de paix. Je choisirai la 2ème option, tout seul à virer vers l'est une heure après le départ, et surpris de l'être. Je me retrouverai ainsi sans contact VHF et plus aucun repère avec la flotte jusqu'au lundi matin. Drôle de situation, pas facile à gérer, où il faut se concentrer sur la marche du bateau sans pouvoir se situer par rapport à la flotte. Il faut vraiment de la niaque, tout seul, pour remettre du charbon sans incitation exterieure. J'avoue que j'ai du un peu tirer au flanc parfois, et perdre des précieux milles. Mais encore une fois très bonne expérience engrangée avant une course où ce type de situation risque de se reproduire maintes fois.
Parfois, selon l'état de mon moral, je m'imaginais en tête jusqu'au bout, les autres ne virant qu'à la hauteur de l'ile d'Yeu puis s'empétolant. Ou bien l'inverse, espérant juste ne pas arriver hors-temps, soit 20 heures après le 1er. Au final, j'arriverai 8éme de l'étape, pas mal, mais pas extraordinaire non plus. Je me dis après coup que c'était bien tenté, mais qu'il aurait fallu y mettre plus de conviction...
Dans le bord de près assez cassant lui aussi, mon support de pile fixé à l'époxy sur le plancher s'est décollé, mettant la pile en rideau. Cela donne une idée des sollicitations que font subir aux bateaux ces longs bords de près. La pile repartira, après avoir été sanglée correctement.
Je suis finalement très satisfait de la course, de toute l'expérience irremplaçable engrangée, de l'ambiance de l'escale à Ribadeo. Je suis un peu moins ignare quant à mon bateau. Je vais bien finir par en tirer quelque chose, non mais...
Et maintenant, à donf dans la prépa finale de la Transat: coque, voiles et gréement à réviser, matelotage, avitaillement, cartes, matos de rechange, et éventuellement un peu de repos...
Marc
FRA 733
Une saveur particulière pour cette course en Espagne. D'abord retour sur le contexte:
Après avoir rêvé pendant des années d'océans et de courses au large, j'arrive enfin à aligner les planètes Tune, Job, Voyage et Famille. Je commence à veillir (42 ans), mais ça va encore. Combien de fois de telles occasions vont-elles se présenter ? Je débranche la prise, passe sur batterie, et décide de vivre enfin ce rêve. Ma compagne et ma fille sont avec moi. Elles me disent qu'elles me préfèrent avec une étincelle dans le regard.
Je fais construire un pogo2 par Structures, sorti du chantier fin mai 2008, trop tard pour rentrer sur le circuit des courses mini.
Seul dans mon coin, sans expérience du mini, ni de la compétition, je prends un peu le bateau en main et me lance dans le parcours qualificatif en me disant que ce n'est pas de la course, et si il y a le moindre problème, je serai toujours suffisamment près des côtes pour relacher. Je boucle la qualif après avoir essuyé du gros temps sur le retour d'Irlande. J'ai beaucoup appris sur le bateau et surtout sur moi.
Je m'inscris sur toutes les courses atlantiques ou presque de 2009. Incongru ? Je sais que j'ai encore tout à apprendre, que je dois me tester, m'endurcir et surtout accumuler de l'expérience et progresser sur tous les aspects, sportif, préparation, récupération, course, météo, etc...
Grâce aux entrainements d'hiver de VS17, je recontre d'autres ministes, j'apprends beaucoup, énormément (comment ai-je pu partir précédemment sans tout ce bagage), et j'atteins le niveau minimum pour m'aligner au départ et finir la Pornichet-Select puis la Mini-Pavois.
J'ai en ligne de mire la transat 2010. Lorsque cette course est annulée, et le nombre de participants sur la transat 2009 étendu, il faut prendre une décision: y aller ou pas ? Au retour du trophée MAP, 8 semaines après ma première course, je me décide enfin. Je me lance pour septembre 2009.
J'envoie ma lettre d'inscription une semaine avant la cloture, je passe sur liste d'attente, puis sur la liste des partants. Le temps s'accélère, se compresse. Il faudrait avancer la prépa du bateau, faire maintenant tout ce que j'avais prévu pour l'hiver. Mais naviguer est la meilleure préparation, le bateau et moi allons bien, je dois absolument saisir l'opportunité de cette course. Je fais juste installer un pilote de secours en prévision de la Transat, et vogue le pogo2 pour la Trans-qui-cogne, objectifs: apprendre encore, et valider...
Préparation à Port-Bourgenay
Yann, le préparateur de Yachtman, m'installe un pilote Raymarine X5/ST6002 avec vérin électrique, et switch maison pour le connecter au gyro NKE. Puis la veille du prologue, il passe toute la nuit sur le bateau de Bertrand Delesne à régler des problèmes électriques. Et embarque sur mon Shebang comme équipier pour le prologue. Des dingues, ces préparateurs (enfin celui là, j'en connais pas d'autre comme lui).
En montant le pilote, Yann découvre que mon panneau solaire n'a jamais été connecté au parc de batteries : il manque le régulateur de courant. Merci Structures, pensè-je, me remémorrant toutes les fois où, tout fier, j'orientais le panneau pour queudchi. Yann m'installera un régulateur en dépannage. Il me briefe aussi sur toute la configuration électronique et la gestion de l'énergie. Je découvre que je dispose de controleurs de batteries performants mais qui ne fonctionnent que correctement initialisés, ce qui n'avait pas été effectué à l'installation (ni expliqué). J'ai aussi un peu honte de ne m'être jamais aperçu moi-même de ces problèmes, je décide de potasser et réviser cette s... de p... d'électronique.
1ère étape: Port Bourgenay - Ribadéo (via Belle-Ile)
Le départ nous emmène de la Vendée au nord de Belle-Ile avant la grande descente vers l'Espagne. Je suis plutôt lent sur cette partie, tardant à balancer le spi en milieu de nuit pour contourner Belle Ile. Puis un vent de sud-ouest assez musclé nous barre la route, ce sera la guerre des tranchées pendant 2 jours pour atteindre la Gallice. Après Belle-Ile commmence un long bord de près d'une trentaine d'heures (!!!) dans une mer dure, à la rencontre du front et de sa bascule nord-ouest salvatrice.
Une traversée du Golfe comme dans les livres, solent arisé, 2 ris dans la grand-voile. Plusieurs abandons sur mal de mer, des chutes inquiétantes à l'intérieur et l'exterieur des bateaux, autres abandons. Je fais le gros dos, je ne barre pas trop, et attends d'être bien ammariné. Le lendemain, 3ème jour, c'est plus facile, mais tout est maintenant trempé, et nous traversons toujours du crachin compact et brumeux. Le vent finit par adonner, mollit à 15-20 noeuds, et nous envoyons le spi en route sud directe.
Nous croisons les Figaros qui sont partis la veille de la Corogne pour St Gilles (2è étape de la solitaire). Ambiance surréaliste, dans la matinée brumeuse. Signes de la main pour ceux qui sont à la barre, commentaires nostalgiques pour certains à la VHF comme quoi les bords de spi dans la brise en mini 6.50, c'est top. Merci les gars...
Lors de la descente finale, à une trentaine de milles de l'arrivée, à vue de 2 ou 3 concurrents, le speedo déraille. Il affiche une vitesse de -0.11 noeuds alors que je surfe pleine balle sous spi. Le pilote est à la rue (rappel: objectif validation pilote sous spi dans la brise). Grosse embardée, spi chaluté, très chaud la récup de la voile.
Je met ensuite en panne, à la cape, pour réparer et repartir. A cette distance j'aurai pu finir sans pilote, mais là, avant la Transat, hors de question de laisser ce problème non résolu avant de rentrer. Au bout d'une heure et demi (au jugé), après avoir coupé les batteries et rechecké plusieurs fois tout le cablage, ca repart.
Une grosse humidité, le brouillard salin, des chocs mécaniques constants au près, cela finit par générer des problèmes de contacts électriques. Je suis content d'avoir réussi à réparer en mer, même si cela me coûte 2h à l'arrivée de l'étape.
Arrivé à l'étape, j'apprends aussi qu'en cas de problème de speedo, je peux basculer le gyro sur le capteur de vitesse fond fourni par le GPS sur le bus NMEA (en s'enfonçant profond dans les menus de config). Je suis au final très content d'avoir été confronté à ces problèmes d'électronique avant la grande course.
L'étape à Ribadéo
Accueil très chaleureux des espagnols pour tous les concurrents et l'organisation. La cote de Gallice qui scotche tous les nuages en provenance du nord est aussi humide que la Normandie en octobre. Qu'importe. Grosses fêtes, tapas, cervezas, c'est à ce type d'escales que les coureurs partagent le plus, fatigue oubliée, euphoriques, grisés avant même la première gorgée (alors à la 10éme...). Instants précieux et irremplaçables. Digne accueil du dernier de la flotte, acclamé comme le vainqueur du Vendée globe, avec les vainqueurs en protos qui iront amarrer le canote, le ranger, plier ses voiles, respect maximum pour tous...
2ème étape: Ribadéo - Port Bourgenay
Arrivés mercredi soir, nous repartons samedi midi, après 2 jours de repos (euh, non de fiesta). Au menu : du nord-est 15-20 noeuds pour commencer puis du vent nord-ouest mollissant vers la fin. Du près comme à l'aller.
Choix stratégique: tirer au nord pour chercher une bascule et débouler plein pot sur la Vendée, ou bien rester sur la route directe, voire même un peu au sud, et minimiser la distance. La puissance de la dorsale sera le juge de paix. Je choisirai la 2ème option, tout seul à virer vers l'est une heure après le départ, et surpris de l'être. Je me retrouverai ainsi sans contact VHF et plus aucun repère avec la flotte jusqu'au lundi matin. Drôle de situation, pas facile à gérer, où il faut se concentrer sur la marche du bateau sans pouvoir se situer par rapport à la flotte. Il faut vraiment de la niaque, tout seul, pour remettre du charbon sans incitation exterieure. J'avoue que j'ai du un peu tirer au flanc parfois, et perdre des précieux milles. Mais encore une fois très bonne expérience engrangée avant une course où ce type de situation risque de se reproduire maintes fois.
Parfois, selon l'état de mon moral, je m'imaginais en tête jusqu'au bout, les autres ne virant qu'à la hauteur de l'ile d'Yeu puis s'empétolant. Ou bien l'inverse, espérant juste ne pas arriver hors-temps, soit 20 heures après le 1er. Au final, j'arriverai 8éme de l'étape, pas mal, mais pas extraordinaire non plus. Je me dis après coup que c'était bien tenté, mais qu'il aurait fallu y mettre plus de conviction...
Dans le bord de près assez cassant lui aussi, mon support de pile fixé à l'époxy sur le plancher s'est décollé, mettant la pile en rideau. Cela donne une idée des sollicitations que font subir aux bateaux ces longs bords de près. La pile repartira, après avoir été sanglée correctement.
Je suis finalement très satisfait de la course, de toute l'expérience irremplaçable engrangée, de l'ambiance de l'escale à Ribadeo. Je suis un peu moins ignare quant à mon bateau. Je vais bien finir par en tirer quelque chose, non mais...
Et maintenant, à donf dans la prépa finale de la Transat: coque, voiles et gréement à réviser, matelotage, avitaillement, cartes, matos de rechange, et éventuellement un peu de repos...
Marc
FRA 733
mercredi 29 juillet 2009
Shebang au départ de la transat 6.50
Ca y est, le 733 est sur la liste des partants pour le Brésil, à la faveur d'un désistement tardif (tous les désistements à ce stade sont inattendus et douloureux).
Incroyable quand je pense que ma première course en mini date d'il y a à peine 3 mois. Et que je n'avais pas goûté à la compétition en voile jusqu'à présent...
Mais j'espère malgré tout être prêt. J'aurai participé à la quasi-totalité des courses du circuit Atlantique cette saison, me demandant si j'allais saturer, m'écoeurer, me faire peur ou au contraire augmenter mon plaisir de naviguer à chaque course. C'est bien cela qui s'est produit.
Le métier rentre. Je me pince encore une fois, aïe. j'apprécie chaque seconde, et je me concentre maintenant sur la préparation finale de cette course magnifique.
Incroyable quand je pense que ma première course en mini date d'il y a à peine 3 mois. Et que je n'avais pas goûté à la compétition en voile jusqu'à présent...
Mais j'espère malgré tout être prêt. J'aurai participé à la quasi-totalité des courses du circuit Atlantique cette saison, me demandant si j'allais saturer, m'écoeurer, me faire peur ou au contraire augmenter mon plaisir de naviguer à chaque course. C'est bien cela qui s'est produit.
Le métier rentre. Je me pince encore une fois, aïe. j'apprécie chaque seconde, et je me concentre maintenant sur la préparation finale de cette course magnifique.
Open Navi-Ouest
Très belle descente de Douarnenez à Port Bourgenay à 9 noeuds de moyenne, vent soutenu de sud ouest à ouest, principalement par le travers. Belles glissades nocturnes à 15 noeuds. Retour sur la course.
Eric et moi avons pris un départ correct, dans le premier tiers. Pour sortir de la baie de Douarnenez, nous nous sommes ensuite un peu trop écartés de la côte, par crainte de dévents, alors qu'il fallait la longer pour limiter l'effet de la marée contraire, à fort coefficient ce jour là. Le temps de piger, nous cédons quelques places, puis passons le Raz de Sein à l'étale de marée haute.
Nous restons sous grand-voile et solent jusqu'à Penmach, que nous doublons à la tombée de la nuit. Puis envoi du petit spi, dans des conditions un peu musclées. Nous abattons un peu pour soulager la barre et gagner encore de l'accélération. Il nous faudra affaler puis relancer le spi au passage de la Jument des Glénans. Les amers défilent rapidement: Groix, Quiberon, Belle Ile, Houat et Hoedic.
La navigation est intense, barrer demande beaucoup de concentration, le bateau est en limite de partir au tas dans les déferlantes. J'aurais certainement du insister sur le gennaker, mais j'étais encore marqué par le bris du bout dehors au Fastnet dans des conditions similaires. En fin de nuit, crevés, nous affalons une fois encore le spi, mais nous ne le rebalancerons qu'après Yeu, à la mi-journée, laissant s'échapper quelques minis.
Au minimum, j'aurai du établir le génois à la place du solent, qui a tendance à déséquilibrer le bateau et durcir la barre. Finalement, après quelques derniers grains, et litres de pluie battante, le ciel se dégage pour notre arrivée. Nous rebalançons le spi une dernière fois, avant de se faire rattraper, le soleil brille maintenant, mais ce n'est pas une raison pour oublier la dernière marque (merci le bateau suiveur pour le conseil amical).
Nous franchissons la ligne 12ème au général, 6ème série. Bien payé pour une navigation somme toute décontractée, tres économe en manoeuvres comparé à d'autres. Pas mal pour un baptème en course, n'est-ce pas Eric ?
Eric et moi avons pris un départ correct, dans le premier tiers. Pour sortir de la baie de Douarnenez, nous nous sommes ensuite un peu trop écartés de la côte, par crainte de dévents, alors qu'il fallait la longer pour limiter l'effet de la marée contraire, à fort coefficient ce jour là. Le temps de piger, nous cédons quelques places, puis passons le Raz de Sein à l'étale de marée haute.
Nous restons sous grand-voile et solent jusqu'à Penmach, que nous doublons à la tombée de la nuit. Puis envoi du petit spi, dans des conditions un peu musclées. Nous abattons un peu pour soulager la barre et gagner encore de l'accélération. Il nous faudra affaler puis relancer le spi au passage de la Jument des Glénans. Les amers défilent rapidement: Groix, Quiberon, Belle Ile, Houat et Hoedic.
La navigation est intense, barrer demande beaucoup de concentration, le bateau est en limite de partir au tas dans les déferlantes. J'aurais certainement du insister sur le gennaker, mais j'étais encore marqué par le bris du bout dehors au Fastnet dans des conditions similaires. En fin de nuit, crevés, nous affalons une fois encore le spi, mais nous ne le rebalancerons qu'après Yeu, à la mi-journée, laissant s'échapper quelques minis.
Au minimum, j'aurai du établir le génois à la place du solent, qui a tendance à déséquilibrer le bateau et durcir la barre. Finalement, après quelques derniers grains, et litres de pluie battante, le ciel se dégage pour notre arrivée. Nous rebalançons le spi une dernière fois, avant de se faire rattraper, le soleil brille maintenant, mais ce n'est pas une raison pour oublier la dernière marque (merci le bateau suiveur pour le conseil amical).
Nous franchissons la ligne 12ème au général, 6ème série. Bien payé pour une navigation somme toute décontractée, tres économe en manoeuvres comparé à d'autres. Pas mal pour un baptème en course, n'est-ce pas Eric ?
lundi 20 juillet 2009
Prochaines courses de Shebang
Départ le 23 Juillet de Douarnenez: l'Open Navi-Ouest
Départ le 2 août de Port Bourgenay: la Transgascogne
Et peut-être, si je passe la liste d'attente (pour le moment, je suis le prochain):
Départ le 13 Septembre de La Rochelle: la Transat 6.50
Départ le 2 août de Port Bourgenay: la Transgascogne
Et peut-être, si je passe la liste d'attente (pour le moment, je suis le prochain):
Départ le 13 Septembre de La Rochelle: la Transat 6.50
mardi 16 juin 2009
Mini-Fastnet, c'est raté pour cette fois
De retour à Douarnenez après avoir plié le bout dehors dans un grain, à une quarantaine de milles dans le sud de Wolf-Rock. Sans bout-dehors, pas de grandes voiles d'avant, spis et genak. Fini les surfs, les départs au planning, les longues accélérations, bref ce qui fait le charme des minis, tout cela est à oublier.
Cela devient aussi trop pénalisant pour la grande descente (300 milles au portant), nous décidons d'abandonner la course et de rentrer...
A très bientôt pour les prochaines courses, Open-Sail et Transgascogne, et qui sait, peut-être la Transat 6.50 (je suis sur liste d'attente, mais je ne sais pas encore à quel rang), avec un nouveau bout-dehors, et juré, un de rechange dans la cabine, non mais!
Marc
Cela devient aussi trop pénalisant pour la grande descente (300 milles au portant), nous décidons d'abandonner la course et de rentrer...
A très bientôt pour les prochaines courses, Open-Sail et Transgascogne, et qui sait, peut-être la Transat 6.50 (je suis sur liste d'attente, mais je ne sais pas encore à quel rang), avec un nouveau bout-dehors, et juré, un de rechange dans la cabine, non mais!
Marc
mercredi 10 juin 2009
Ci-après, un compte rendu rapide du trophée MAP, tel que je l'ai transmis à VS17:
Quelques images que ce trophée MAP a imprimé dans mon cerveau embrumé.
Le départ, c'était à la recherche de gisements de vent dans les nappes pétolifères de la baie de Douarn. Je ne savais absolument pas vers où pointer mon bout-dehors, lorsqu'un bruissement me parvient. C'est Luce sur le 514, qui, vision incroyable, décolle sous spi pleine balle à quelques encablures de la côte, alors que tous les autres moi compris restons scotchés les voiles pendantes. Après avoir raccroché ma machoire inférieure et essuyé un filet de bave, je tire à mon tour à la côte pour embrayer dans son sillage, génial.
Un peu plus loin, je sors malencontreusement de la risée. Que fais-tu malheureux, avec une meute de 60 affamés à tes trousses. Le temps de remonter sur le tapis roulant, je vois Davy sur le 674 me griller, et j'imagine son petit air narquois de ptit gars qui n'en veut. Va donc, eh djeuns'.
Pour le reste de la course, vous pouvez copier la phrase précédente et la coller une cinquantaine de fois, en substituant Davy par Antoine, Nicolas, Benoit, Cécile et Tutti-quanti.
A Groix, il n'y avait pas de bateau pointeur pour noter le passage des concurrents. Pas de problèmes, c'est le 733 qui s'y colle. Bon, au bout d'une dizaine de passés, je veux bien qu'on me relaie, allez les gars... C'est que je me suis dit pour me consoler d'avoir pris l'option bord carré pourri avec courant a donf dans le pif.
Sinon le parcours était top. Ah, Birvideau, son phare, ses molles, ses bascules pile-pif. Ah les Glénans, son phare, ses molles, ses grains. Ah Penmarch, son phare, ses molles, ses pêchous affolés par la horde de 6.50 qui déboulent de partout. Ah, Sein, son phare, ses pas-molles (30nds, de face dans la face), ses gros courant et grosse mer.
Bon, on a fait un peu de près. Grosso modo 90% du temps. Mais le près (BING), c'est cool, ça (BANG) ça repose (BING), vu que le barreur y barre pas (BANG), y a le pilote automatique, non (BING) le barreur, il MATOSSE, putain de (BANG) bidons!!!
Un dernier run d'enfer pour descendre sur Douarn, dans de la traine à 25 noeuds, ciel dégagé, longs surfs sous spi de brise, mais faut pas oublier de prendre 1 ris avant de lofer, sinon coucouche panier.
Merci au club pour l'accueil très chaleureux aux ministes et le sérieux de l'organisation. A très bientôt après la sieste pour le Fastnet...
Marc
lundi 1 juin 2009
Les 2 prochaines courses
Rappel: les 2 prochaines courses ont lieu à Douarnenez (Finistere), le trophée MAP du 4 au 6 juin, et la Mini-Fastnet du 13 au 20 juin.
jeudi 21 mai 2009
La mini pavois
Comme pour la course précédente, j'ai envoyé un email de debrief sur la mailing list VS17. Le voici:
Voici mon debrief de la course.
La Mini-Pavois 2009 était ma 2ème course, la 1ère en catégorie B (plus
de 500 milles), avec à la clé les milles de qualification pour la
Transat 6.50.
Préparation à la Rochelle:
La select terminée, j'attend 2 jours le vent portant promis par la météo
et je convoie le bateau de Pornichet à La Rochelle, une quinzaine
d'heures suffisent. Je file à Toulouse récupérer ma combi de survie, ma
pile à combustible et quelques cartes marines. Cette fois je m'équipe de
bottes correctes et de sous-vêtements respirants. Pour le bateau, je me
contente de refaire quelques surgaines sur les drisses et de sécuriser
le support de la pile.
Première étape: La Rochelle - Gijon
Le départ est donné à 15h, avec une heure de retard dans la pétole. Je
prends le bon bord et sort du perthuis direct. Fabien sur le Pogo2 483,
qui terminera 2eme, me largue déjà. Il m'expliquera à l'arrivée que je
fais trop de cap au près, vaut mieux favoriser d'abord la vitesse. A la
pointe de Chassiron, vent au nord-ouest, la flotte commence à se
disperser; certains sous spi légèrement au sud de la route, d'autres
dont moi, sur la route directe, voire légèrement au nord, au travers
sous genaker. Je choisis le haut du cadre car nous sommes dans un régime
anticyclonique, et le vent devrait avoir tendance à rentrer par le nord.
Je veux aussi éviter les bulles si communes dans le sud-est du golfe.
Dans la soirée, le vent poursuit sa rotation en se renforçant par le
nord. Il est temps de mettre le spi. Là, je fais ma grosse gaffe de la
course: je laisse le genaker sur le pont après l'avoir affalé.
Dans la nuit, alors que le vent s'établira à plus de 20 noeuds (plus
dans les rafales), le genaker partira à la baille dans un de mes
multiples départs au tas.
Mortifié par ma bourde, j'affale le spi, renvoie le génois et mets le
pilote et au dodo. Je quitte les avant-postes et glisse vers l'arrière
de la flotte.
Je tirerai deux leçons importantes de cette nuit. D'abord ne rien
laisser sur le pont qui ne soit correctement amarré. Le genak aurait été
bien mieux sécurisé à l'intérieur, et plus utile matossé au vent à
l'arrière. Ensuite, quand le vent monte au portant, commencer à prendre
un ris avant d'envisager de changer le spi. J'ai noté aussi que beaucoup
de skippers utilisent des écoutes séparées pour le genak et le spi.
La perte stupide du genak me hante, j'essaye de positiver de manière
cynique en me disant qu'il m'a bien servi, mais que les poids morts on
les vire et qu'on augmente la rentabilité du rapport poids-puissance (ça c'est du management). Finalement je crois que je préfère rester négatif.
Nous entrons dans un régime de vents faibles et variables avec grains
jusqu'à l'arrivée. La deuxième nuit, je vois que les nuages proviennent
du nord-ouest, je décide d'aller à leur rencontre au près vers l'ouest
pour trouver du vent. Cela me fera regagner une quinzaine de places dans
la nuit, où j'ai même réussi à dormir quasi normalement. Dans la journée
qui suit, j'arrive à maintenir ma place et arrive 7ème à Gijon, 4h après
le premier.
Deuxième étape: Gijon - Lorient
Remise des prix dans un resto de luxe de l'arrière pays, nuits à l'hotel
(impromptu, encore meilleur), 2 jours les mains dans la colle
polyuréthane pour refaire l'étanchéité du tableau arrière, super paella
avec les rochelais à la Casa Zarracina, petite échope dans le vieux
quartier, et nous voilà reparti le lundi, avec réduction de parcours
pour cause de pétole et coup de vent prévu en fin de semaine.
Dès la bouée de dégagement passée, les minis s'empressent de balancer le
genak et de bourrer vers Belle Ile. Puni, j'escargote au vent sous
génois. La bonne option était en fait sous le vent à l'ouest, là d'où le
vent soufflera (dixit Renaud). Je naviguerai de manière aussi médiocre
sur toute la 2ème étape en collant obstinément à la route, tel un
hérisson écrasé. Après réflexion, j'aurais du me lacher et tenter
l'option radicale de l'ouest sous spi, quitte à revenir de nulle part,
toujours sous spi, pleine balle après empannage, plutot que de rester là
bêtement au travers dans la molle et à la ramasse. Manqué d'audace sur
ce coup là, l'âge peut-être.
Après 2 jours et 2 nuits scotchés dans la pétole, à en affaler les voiles, nous arrivons la 3ème nuit sur Penmarch, avec un joli grain qui
trimballe sa traine de vent d'ouest sympa. Je me la pête enfin sous spi
dans le crachin noir, je dois au moins remonter des vieux bouzins là
(pardon à eux). Pas de bol, je rase un cargo de près (a close shave
diraient Wallace & Gromit), spi en drapeau, manque à virer, empanne
comme je te pousse, 1 heure à ramasser le chalut et la vaisselle cassée,
drisse en tête. Dégouté, à 3h du mat, je te me renvoie mon petit spi de la fin du 2è millénaire, celui que je peux porter jusqu'à force 15 tellement il est défoncé mou et élastique et absorbe toute poussée vélique sans jamais la retransmettre au canote.
La ligne d'arrivée est avancée à Belle Ile plutot qu'à la Rochelle, pour
éviter à la queue de la flotte de déguster dans le coup de vent attendu,
m'arrachant tout espoir de regratter les quelques canotes attardés
encore à portée. Mais j'ai bien mangé, peu barré et presque bien dormi,
la croisière quoi (toujours jouer les fiers à l'arrivée). Bienvenue chez
les sous-marins de Lorient.
Ah oui, j'ai percé un bidon de 20l en matossant. T'as pas l'air fin
après. Moralité, pas mettre toutes ses eaux dans le même panier (10l max).
Marc
Voici mon debrief de la course.
La Mini-Pavois 2009 était ma 2ème course, la 1ère en catégorie B (plus
de 500 milles), avec à la clé les milles de qualification pour la
Transat 6.50.
Préparation à la Rochelle:
La select terminée, j'attend 2 jours le vent portant promis par la météo
et je convoie le bateau de Pornichet à La Rochelle, une quinzaine
d'heures suffisent. Je file à Toulouse récupérer ma combi de survie, ma
pile à combustible et quelques cartes marines. Cette fois je m'équipe de
bottes correctes et de sous-vêtements respirants. Pour le bateau, je me
contente de refaire quelques surgaines sur les drisses et de sécuriser
le support de la pile.
Première étape: La Rochelle - Gijon
Le départ est donné à 15h, avec une heure de retard dans la pétole. Je
prends le bon bord et sort du perthuis direct. Fabien sur le Pogo2 483,
qui terminera 2eme, me largue déjà. Il m'expliquera à l'arrivée que je
fais trop de cap au près, vaut mieux favoriser d'abord la vitesse. A la
pointe de Chassiron, vent au nord-ouest, la flotte commence à se
disperser; certains sous spi légèrement au sud de la route, d'autres
dont moi, sur la route directe, voire légèrement au nord, au travers
sous genaker. Je choisis le haut du cadre car nous sommes dans un régime
anticyclonique, et le vent devrait avoir tendance à rentrer par le nord.
Je veux aussi éviter les bulles si communes dans le sud-est du golfe.
Dans la soirée, le vent poursuit sa rotation en se renforçant par le
nord. Il est temps de mettre le spi. Là, je fais ma grosse gaffe de la
course: je laisse le genaker sur le pont après l'avoir affalé.
Dans la nuit, alors que le vent s'établira à plus de 20 noeuds (plus
dans les rafales), le genaker partira à la baille dans un de mes
multiples départs au tas.
Mortifié par ma bourde, j'affale le spi, renvoie le génois et mets le
pilote et au dodo. Je quitte les avant-postes et glisse vers l'arrière
de la flotte.
Je tirerai deux leçons importantes de cette nuit. D'abord ne rien
laisser sur le pont qui ne soit correctement amarré. Le genak aurait été
bien mieux sécurisé à l'intérieur, et plus utile matossé au vent à
l'arrière. Ensuite, quand le vent monte au portant, commencer à prendre
un ris avant d'envisager de changer le spi. J'ai noté aussi que beaucoup
de skippers utilisent des écoutes séparées pour le genak et le spi.
La perte stupide du genak me hante, j'essaye de positiver de manière
cynique en me disant qu'il m'a bien servi, mais que les poids morts on
les vire et qu'on augmente la rentabilité du rapport poids-puissance (ça c'est du management). Finalement je crois que je préfère rester négatif.
Nous entrons dans un régime de vents faibles et variables avec grains
jusqu'à l'arrivée. La deuxième nuit, je vois que les nuages proviennent
du nord-ouest, je décide d'aller à leur rencontre au près vers l'ouest
pour trouver du vent. Cela me fera regagner une quinzaine de places dans
la nuit, où j'ai même réussi à dormir quasi normalement. Dans la journée
qui suit, j'arrive à maintenir ma place et arrive 7ème à Gijon, 4h après
le premier.
Deuxième étape: Gijon - Lorient
Remise des prix dans un resto de luxe de l'arrière pays, nuits à l'hotel
(impromptu, encore meilleur), 2 jours les mains dans la colle
polyuréthane pour refaire l'étanchéité du tableau arrière, super paella
avec les rochelais à la Casa Zarracina, petite échope dans le vieux
quartier, et nous voilà reparti le lundi, avec réduction de parcours
pour cause de pétole et coup de vent prévu en fin de semaine.
Dès la bouée de dégagement passée, les minis s'empressent de balancer le
genak et de bourrer vers Belle Ile. Puni, j'escargote au vent sous
génois. La bonne option était en fait sous le vent à l'ouest, là d'où le
vent soufflera (dixit Renaud). Je naviguerai de manière aussi médiocre
sur toute la 2ème étape en collant obstinément à la route, tel un
hérisson écrasé. Après réflexion, j'aurais du me lacher et tenter
l'option radicale de l'ouest sous spi, quitte à revenir de nulle part,
toujours sous spi, pleine balle après empannage, plutot que de rester là
bêtement au travers dans la molle et à la ramasse. Manqué d'audace sur
ce coup là, l'âge peut-être.
Après 2 jours et 2 nuits scotchés dans la pétole, à en affaler les voiles, nous arrivons la 3ème nuit sur Penmarch, avec un joli grain qui
trimballe sa traine de vent d'ouest sympa. Je me la pête enfin sous spi
dans le crachin noir, je dois au moins remonter des vieux bouzins là
(pardon à eux). Pas de bol, je rase un cargo de près (a close shave
diraient Wallace & Gromit), spi en drapeau, manque à virer, empanne
comme je te pousse, 1 heure à ramasser le chalut et la vaisselle cassée,
drisse en tête. Dégouté, à 3h du mat, je te me renvoie mon petit spi de la fin du 2è millénaire, celui que je peux porter jusqu'à force 15 tellement il est défoncé mou et élastique et absorbe toute poussée vélique sans jamais la retransmettre au canote.
La ligne d'arrivée est avancée à Belle Ile plutot qu'à la Rochelle, pour
éviter à la queue de la flotte de déguster dans le coup de vent attendu,
m'arrachant tout espoir de regratter les quelques canotes attardés
encore à portée. Mais j'ai bien mangé, peu barré et presque bien dormi,
la croisière quoi (toujours jouer les fiers à l'arrivée). Bienvenue chez
les sous-marins de Lorient.
Ah oui, j'ai percé un bidon de 20l en matossant. T'as pas l'air fin
après. Moralité, pas mettre toutes ses eaux dans le même panier (10l max).
Marc
mercredi 29 avril 2009
Ca y est, la Mini Select est terminée, j'ai bien fini ma première course qui s'est avérée difficile, avec 64 bateaux au départ et 24 abandons. Je suis pour ma part arrivé un peu après minuit, quelques heures après le premier. Il restait encore 1 bateau en mer arrivé le lendemain matin. Extrait de mon débriefing par mail à VS17:
A chaud après l'arrivée (ou plutot à tiéde, suis pas encore sec):
Suis content d'avoir franchi la ligne. La course a été dure mais très sympa. La liste des avaries:
- VHF (bousillée par gros paquets de mer sur le micro). J'ai ouvert mon bidon de survie pour récupérer la petite VHF de secours.
- Lattes de solent tout neuf (le foc), pliées dans une grosse rafale (40 noeuds),
- entrée d'eau à l'arrière par la ferrure de safran coté pilote (2 ou 3 litres/h),
- usure importante de certains cordages
- stickers de voile "classe mini" décollés (dommage, ça frime bien les petits stickers rouges)
Beaucoup de yoyo au classement, la rapidité naturelle du bateau arrivant parfois à compenser ma lenteur non moins naturelle aux manoeuvres.
Après un gros grain entre Belle-Ile et Groix, provoquant plusieurs appels au CROSS (secours en mer) d'autres concurrents, et la liste des problèmes commençant à s'allonger, j'ai levé le pied (trempé par ailleurs). J'aurais bien remis un petit coup de spi sur le dernier bord, mais j'ai manqué de jus, je caillais (bien fait), le jour tombait (c'est pas une excuse), et des grains avec rafales se succédaient sur nous (pauvre chou).
J'ai bien croisé les dauphins du soir à l'aller et au retour de Yeu. Merci les copains. Quelques étoiles filantes (je ne parle pas de Xav). Un pêcheur m'a frolé de nuit (volontairement ?). Evité de peu un enooorme cargo (pétrolier ?) qui rentrait vers St-Naz. Un joli bord à bord avec Simon à la pointe des Poulains. J'ai trouvé que la VHF était plutot calme, mais je ne connais pas encore tous les us et coutumes de la course.
Et la prochaine fois, je n'oublierai pas les bottes, faire toute la course en baskets dans une eau à 10°, ça craint! Et puis je prendrais aussi un appareil photo, tiens.
Et pour mon anniv, je veux bien un petit duvet en polaire!
Ah oui, ne pas oublier une 2è vhf portable (non plombée), et un petit gps de secours.
Et demander à Xav où se trouve le bouton "vitesse lumière" sur le pogo.
Bravo et merci à tous, ceux qui sont pas partis, ceux qui sont partis, y compris ceux qui ont du abandonner.
NB: le texte est de mon hémisphère droit, les parenthèses de mon hémisphère gauche, et putain j'ai la dalle!!
Marc
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